Honneur aux vainqueurs
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"Tournoi des VI nations. Le XV de France humilié à Rome!"
Revenons un instant sur le match Italie-France du week-end dernier remporté par la Squadra Azzurra 22 à 21. Italie-France ou quand un moment historique, de joie, rencontre un autre moment historique, de honte cette fois-ci. Non, ne nous épanchons pas sur la piteuse prestation des bleus ainsi que sur le flou artistique qui règne dans cette équipe entre des joueurs en manque de forme et d'envie, un sélectionneur complètement perdu et les doutes, chaque jour un peu plus forts, qui habitent cette équipe à six mois de la Coupe du Monde.
Prêtons davantage notre attention sur cette équipe d'Italie. Le terme d'exploit est bien adéquat pour parler de cette victoire. Rendez-vous compte, en 33 confrontations face aux bleus, il s'agissait seulement de leur deuxième victoire, la première en match officiel et depuis leur entrée dans le tournoi des Six Nations, en l'an 2000. Bien plus encore, en match officiel toujours, l'Italie n'avait jamais battu, jusqu'à samedi dernier, l'une des cinq meilleurs équipes mondiales, à savoir, l'Australie, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Angleterre et donc la France.
L'exploit est encore isolé mais peut-être plus pour très longtemps tant l'Italie progresse d'année en année. Certes, une victoire finale dans le Tournoi des Six Nations est encore loin d'être à sa portée, et encore moins une victoire en Coupe du Monde mais force est de constater que l'Italie progresse dans le bon sens. Son niveau se rapproche aujourd'hui de formations telles que celles des Fidji, de l'Argentine ou encore de l'Irlande, et le top 10 mondial lui tend les bras, elle qui occupe aujourd'hui le douzième rang.
Si les clubs transalpins souffrent toujours autant en Coupe d'Europe, eux aussi évoluent dans le bon sens, preuve en est la nouvelle formule du Super 10, allégée en équipes et en matchs pour en améliorer la qualité ; preuve en est aussi l'incorporation de ses meilleures équipes, le Benetton Trévise et l'Aironi Rugby, en Celtic Ligue. De plus, si les clubs en souffrent, la sélection nationale profite plus que jamais de la fuite de ses meilleurs talents tel que Sergio Parisse, Andrea Masi ou Martin Castrogiovanni, dans les plus grands clubs français ou anglais.
Terminons par une chose trop rare chez nos voisins Italiens : l'humilité dans la victoire ! Comparé au football, l'Italie du rugby c'est un peu docteur Jekyll face à mister Hyde. Côté pile, un football italien, arrogant au possible, provocateur, simulateur, imbu de son talent, aux stades à l'ambiance nauséabonde et parfois raciste. Côté face, un rugby beaucoup plus humain, preuve en sont les larmes qui ont coulées samedi dernier, respectueux même après une victoire historique, besogneux, et par dessus-tout, festif et joyeux comme on a pu le voir dans les travées du stadio Flaminio. Au passage, on salue Marco Materazzi et on espère qu'entre deux coups de boule et trois tacles au niveau de la gorge, il aura eu le temps de prendre une leçon de sportivité...
Pour résumé, le rugby en Italie, c'est bien, c'est beau, c'est respectueux et ça progresse. Si leur palmarès et leurs joueurs n'ont pas de leçon à donner à notre XV de France, on espère que leur état d'esprit batailleur et déterminé fait pâlir d'envie et de jalousie Marc Lièvremont et ses ouailles !